C’est au fond des bois, derrière un long mur de pierre et un rideau d’arbres épais, que des voitures encore inconnues roulent jour et nuit à l’abri des regards indiscrets. Ainsi peut-on caractériser le Centre de LA FERTE VIDAME.
Cité historique, LA FERTE VIDAME se définit depuis toujours par son château et son fleuron : le Parc. Château et Parc ont souffert de l’histoire mais le site n’en est que plus majestueux et la beauté des lieux ne peut laisser insensible.
Beaucoup de personnes l’ont compris et ce site admirable a fait l’objet de nombreuses manifestations aéronautiques au début du 20eme siècle.
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L'engouement pour ces nouvelles technologies que sont l’aviation et l’automobile a permis de voir s’y dérouler de remarquables meetings.
Les possibilités offertes par une telle surface d’un seul tenant ; la proximité de la capitale ont amené le ministère de l’époque, par l’intermédiaire de la « Société Française de tous les sports », à envisager la construction en 1923, d’un complexe de loisirs imposant basé sur les activités automobiles et aéronautiques.
Ce projet ne s’est pas concrétisé et ce fut le site de MONTHLERY qui remporta la palme.
Cette idée n’a pas été totalement enterrée et si André CITROËN s’en était emparée pour la création de son Centre d’essais, il fallut attendre que la maison MICHELIN, propriétaire majoritaire de la société CITROËN de l’époque, soit sollicitée pour saisir cette opportunité.
La Société Anonyme des Automobiles Citroën
allait pouvoir développer dans le plus profond secret, les véhicules de tous types de la marque aux chevrons.
Cette acquisition s’est concrétisée en 1938, le 18 novembre.
Le Parc, sans sa partie monumentale, fut acheté à la famille VIELJEUX.
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La grandeur de ce lieu avec ses 812 hectares, l’existence d’un mur de clôture en silex d’une hauteur moyenne de 2,70m et de 11,5 km de long, les nombreuses percées de la forêt avec les lignes forestières existantes furent autant d’atouts pour y construire pistes et infrastructures à l’abri des regards.
Ce site est la propriété close de mur la plus grande de France, non traversée par une route publique.
Le plus cocasse argument entendu était, qu’en retenant une propriété à l’ouest de la capitale, on avait l’immense avantage et confort d’avoir le soleil toujours dans le dos à l’aller, du quai de JAVEL (usines et études à PARIS) à LA FERTE VIDAME et au retour, le soir.
A partir de 1938, le Responsable sur place de l’époque, Henry LORIDANT fait évoluer voitures et camions au milieu de chevaux, vaches, cochons et autres animaux de la ferme. En effet, les 150 ha de la ferme de LA RICHARDIERE étaient exploités.
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Les CITROËN longeaient ainsi le pré des poulains, le pré des cochons et autres appellations de parcelles cultivées ou forestières.
La 1ère piste fut la cour à l’intérieur de la ferme où rapidement les appentis et autres remises furent réservés aux techniciens et mécaniciens pour leurs manipulations sur camions et autres engins.
Pendant les essais, les énormes portes de la ferme étaient closes. On ne badinait déjà pas avec la confidentialité.
Très vite, des pistes y furent réalisées en utilisant les percées existantes.
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C’est ainsi qu’apparu le « triangle colonial » empruntant la ligne de la SIMONNERIE, en partie pavée, la ligne de NEUILLY, goudronnée comme une nationale et la ligne de BOURGNEUF, particulièrement bosselée telle une départementale classique. Sur cette piste triangulaire, les pilotes parcouraient chacun jusqu’à 750 km par jour.
L’Autodrome (nom cadastral de la parcelle) ou piste de l’OCTOGONE (de la forme du bassin existant) fut créé en même temps mais pas encore avec son virage relevé. Cette piste ne devint « circuit ville » que dans les années 90.
La ligne de la SIMONNERIE, avec une partie de ses pavés encore existants aujourd’hui, a été la voie où la suspension hydropneumatique de CITROËN fut mise au point notamment sur les fameuses TRACTIONS OLEO. Les bras à grands débattements et oscillants des 2CV ont également été sollicités sur ces sévères pavés.
Les idées ne manquaient pas et LA FERTE-VIDAME a vu évoluer des prototypes insolites tels que le fameux tracteur B2 où un exemplaire était en essai à l’Abbaye de
LA TRAPPE à SOLIGNY dans l’Orne.
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Peu de photos nous permettent de symboliser une telle époque mais il en est une qui est un véritable trésor de nos jours, le fameux cliché de l’octogone où des Essayeurs (Rouleurs de l’époque) M.TERRASSON, …, à l’insu de leur hiérarchie et de la surveillance, ont réussi un cliché insolite avec les protos 2CV.
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M.TERRASSON est revenu à LA FERTE-VIDAME dans les années 90, et nous l’avons fait piloter dans la cour de la ferme une de ces fameuses TPV (tout petit véhicule) de l’époque. Émotion garantie.
La guerre éclate. L’activité Fertoise est ralentie. On cache les derniers protos 2CV non détruits afin d’éviter tout pillage par les ennemis de l’époque. Les parcelles de terre sont cultivées et exploitées conformément à la loi PETAIN.
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Le 13 AOUT 1944, un bombardier américain s’écrase en plein midi au niveau de BEL AIR ; tout le monde accourt ; le pilote, le lieutenant BAKER est tué sur le coup.
On récupèrera tout ce qui sera possible de l’appareil et c’est ainsi que Henry LORIDANT (responsable technique) perdra un œil après l’explosion d’une batterie. Ce qui lui vaudra le surnom de NEUNEUIL !
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] M.LORIDANT
50 ans après, la famille de l’aviateur sera reçue à La FERTE et une plaque commémorative située à la porte de NEUILLY symbolise cet évènement. La propriété est gérée depuis JAVEL par Monsieur CLERC, Econome en chef de CITROËN. Il s’implique seul dans cette gestion, à tel point que ses collaborateurs ont longtemps cru que le site lui appartenait !
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LES VÉHICULES
De la TRACTION à la nouvelle C5 ; de nombreux poids lourds, véhicules légers et utilitaires ont été développés sur le site (environ 50 nouvelles silhouettes) qui se sont succédés sur nos pistes et sont passés dans les mains de nombreux Conducteurs, Techniciens et Ingénieurs afin d’être testés, triturés et analysés. LA FERTE VIDAME est retenue pour son expertise dans le groupe. Il est décidé depuis quelques années d’y faire rouler les véhicules des plates-formes 1 et 3, plus concrètement les véhicules des segments bas et hauts de chaque marque.
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LES PISTES
Les travaux vont se succéder après guerre.
Il faudra tout de même attendre 1960 pour voir le circuit de BEL AIR sortir de terre avec ses pavés cassants. Puis en 1962 le circuit du Parc est annoncé.
Tourmenté, ce circuit avait plus vocation à faire travailler les camions de l’époque et mettre au point le comportement si particulier des véhicules légers de la marque CITROËN.
Un complexe corrosion est venu le compléter depuis.
En 1977, un virage est amorcé car il y a volonté d’allonger les pistes pour augmenter la longueur du circuit d’endurance et c’est ainsi que les bretelles de liaisons sont créées.
On assistera ensuite à un ensemble de réflexion pour la création de pistes mais les investissements sont jugés trop importants et …après une hésitation quant à l’avenir du site, des choix sont faits en faveur de la construction ou restauration de locaux avant un nouvel élan que l’on notera dans les années 1985.
Création d’une piste particulière pour quelques essais spéciaux. Cette piste sera raccordée aux circuits quelques années plus tard, allongeant encore les longueurs d’endurance et permettant des vitesses plus importantes.
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Par de multiples travaux de voirie, la piste d’essais spéciaux actuelle est définitive en 1992 et totalement autonome. Une amorce du circuit rapide actuel voit le jour également cette année là.
C’est en 1996, que la piste rapide actuelle d’une longueur de 6,3 KM est créée dans sa totalité.
Après ces énormes investissements, nous assistons à un entretien régulier et des améliorations ponctuelles ciblées répondant aux besoins actuels. Tantôt la création d’un circuit à usage ville (OCTOGONE) avec trottoirs, rond point et feux tricolores, tantôt une portion de piste à obstacles.
Des projets sont inscrits et attendent des opportunités pour voir le jour.
Piste rapide et piste d'essais spéciaux :
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Ligne Simonnerie :
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LES AUTRES MOYENS
La 1ére partie de l’atelier de la RICHARDIERE succède dans les années 60 aux boxes aménagés dans les bâtiments de la ferme.
D’importants investissements vont être réalisés à la fin des années 70 symbolisant le passage de la marque CITROËN au puissant groupe PEUGEOT.
Ce fut une aubaine car on peut se demander ce qui serait advenu de la marque et … du site.
C’est ainsi que l’on verra :
-La construction d’un hangar de stockage pour désengorger VELIZY, l’actuel Bâtiment 23 ou Atelier de l'Etang Neuf où toute l’activité majeure Fertoise se déroule.
Puis la construction de l’Atelier du Parc à usage de service rapide, depuis devenu un bâtiment largement occupé par les utilisateurs de la piste d’essais spéciaux.
Nous voyons également se construire une 2ème tranche au Bâtiment 16 ou Atelier de La Richardière.
La vocation Fertoise, pendant de nombreuses années, a été principalement de pratiquer l’endurance sur les véhicules prototypes ou véhicules ayant subi des modifications significatives.
Tout y est testé en endurance. Les tests appuyés portaient sur la liaison au sol, si chère à la marque aux chevrons.
L'objectif de qualité a engendré la construction de moyens techniques performants liés aux essais : Chambres et cellules climatiques, Tunnels salin, de sablage ou à poussières…
Complexe corrosion :
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Tunnel salin :
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Gué à pluie :
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Une Soufflerie a été construite dans la fin des années 60 pour y pratiquer des études aérodynamiques. C’est le cas encore de nos jours après une modernisation de la motorisation puis des locaux et des moyens de mesure.
Il est révolu le temps où les moteurs de P 55 actionnaient les hélices de la veine d’air dans un bruit assourdissant engendrant de nombreuses plaintes d’habitants de la commune.
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LA FAISANDERIE
La Direction du Style, attache beaucoup d’intérêt au site et réfléchit à une implantation d’un studio relais pour une vision des projets dans un environnement verdoyant en dehors de toute…« civilisation ».
L’opportunité pour la direction du site de faire restaurer un pavillon historique dans une enceinte clause intérieure est à saisir: on évoque le pavillon de LA FAISANDERIE.
Le groupe fait du mécénat alors pourquoi ne pas enrichir son propre patrimoine. On envisage d’y adjoindre un atelier simple et moderne. En 10 mois, des travaux importants de restauration et de construction sont réalisés. Le studio Fertois est un lieu où les styles des 2 marques apprécient d’y travailler. Des pluies d’idées y sont concrétisées.
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1882 2003 2004
LES HOMMES
Si le PARC CITROËN, comme il est appelé dans la région, est caractérisé par les moyens en place, on ne peut oublier les hommes. Tous ont marqué le site, de l’ouvrier au responsable. On nommera entre autres MM LORIDANT de 1938 à 1976, BAERT de 1976 à 1982, LABORDE de 1982 à 1987 qui officièrent comme responsables techniques.
D’une petite entité « familiale » dépendant de JAVEL puis de VELIZY, LA FERTE VIDAME devient un Etablissement autonome dès 1985. Différents chefs d’établissement s’y succèdent.
Ce n’est qu’à partir de 1987 qu’un tournant s’opère: La qualité est l’objectif prioritaire.
Les essais sont à l’aube d’une mutation importante au point que l’on va bientôt évoquer des termes jamais entendus auparavant. On parle de « kilomètres intelligents », ppm…
Le travail se féminise : Eh oui, les femmes sont des utilisatrices des voitures et ont leur mot à dire dans la perception de ce moyen autant d’évasion que de locomotion. On fait appel à du personnel détaché d’autres sites. Le travail intérimaire y est accepté et volontairement développé.
LES FAITS MARQUANTS
Comment détacher quelques faits particuliers qui ont marqué la vie du site ? Très peu de personnes sont encore de ce monde pour évoquer les « épopées » de l’avant et après guerre.
Les faits marquants tournent toujours autour des véhicules et des essais. On peut toutefois évoquer les années 1977 et 1978 où les conditions climatiques hivernales exceptionnelles avec givre et neige ont contraint le Centre à vivre au ralenti et ce, malgré un volontariat exemplaire de toutes les forces vives locales.
Personnel, volontaires, retraités et chômeurs locaux - ces derniers sans doute animés autant par une certaine curiosité que par le gain de leur travail - ont contribué à dégager les pistes. Quelques 35 personnes ont travaillé 3 semaines dans des conditions pénibles pour évacuer les arbres et enchevêtrements de branches, cassés ou explosés par une couche impressionnante de givre (plus de 3cm).
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Les agents de surveillance en faction lors de ce cataclysme étaient encore apeurés lorsqu’on les secouru, bloqués dans leur véhicule au milieu des arbres.
Quelques milliers de stères de bois furent retirés des pistes pour reprendre au plus vite les essais urgents et assurer la sécurité.
Quelle solidarité !
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Autres points particuliers où le centre et son personnel au nombre de 65 à l’époque se trouvait être la cible d’un autre cataclysme non prévisible et particulièrement virulent : l’action de paparazis peu scrupuleux.
En effet CITROEN devint dans les années 80, avec la parution de revues spécialisées en mal de scoops, une cible privilégiée.
Avec une solidarité exemplaire et sous l’action de l’ensemble du personnel, touché dans son amour propre par l’atteinte faite à son outil de travail, beaucoup d’actions d’espionnage industriel furent mises en échec et les contrevenants arrêtés par une gendarmerie et un voisinage solidaire. Toute la région s’est mobilisée et ce fut un exemple de solidarité pendant des années.
On ne peut évoquer le Centre de La Ferté sans évoquer l’originalité d’une des créations développée sur le site : L’hélicoptère.
Bien peu connaissent cette œuvre, dont le projet a été abandonné en début des années 80. Pourtant un service entier y a consacré plusieurs années de ses forces vives et compétences. Il a volé mais des choix stratégiques ont eu raison de son existence.
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70 ANS
Nous conclurons par un fait marquant majeur qui résume à lui seul les 70 ans du site fêtés en 2008. Songeons à cette époque pionnière où toute l’Europe de la construction automobile avait comme objectif de réaliser un véhicule populaire.
CITROEN est en plein projet au moment de l’achat du site puis en plein développement au moment de la déclaration de guerre.
La synthèse de réflexions de génies ne doit pas tomber dans les mains de concurrents étrangers. Il leur faut détruire ou camoufler tout ce qui concerne ce projet qu’est la TPV (Tout Petit Véhicule) tout en s’efforçant d’en conserver quelques exemplaires (peut être même à l’insu de la direction de l’époque)
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Ces Merveilles sont « planquées » dans les remises au milieu d’un maximum de fagots et autres bottes de foin ou pailles. Elles seront conservées ainsi durant toute la guerre et même au-delà. Ce n’est que vers la fin des années 70, lorsque des décisions sont à prendre sur le futur des bâtiments de la ferme que ces 3 modèles sont à nouveau découverts.
Conscience est prise de l’importance de l’évènement. On s’attache maintenant à conserver ces reliques référencées loin des regards dans l’espoir de voir un jour l’idée de création d’un musée de la marque CITROEN.
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Ce n’est qu’en hiver 1997/1998 que la décision de lever le voile est prise. A l’occasion des 50 ans de la DEUCHE, il n’y a pas meilleur moment pour divulguer la « découverte » du trésor.
Les 3 prototypes sont sortis de leur tanière:
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Le toit de la ferme est ouvert pour cette renaissance et ces 3 mémoires sont saluées par une campagne d’un blanc immaculé.
L’émotion est intense…
CITROEN rejoint l’histoire des constructeurs AUTOMOBILES ; le Centre d’essais de LA FERTE VIDAME y a fortement contribué.